Dans la nuit, nos illusions perdues mirent dans la vitrine du devenir.




Il faut le feu et la pénombre pour m’incendier le regard et que je te vois par delà du silence et de la vitre glauque de l’amitié ; une cigarette étreint ton souffle et dans la fugacité de l’instant, je te vole ce moment d’égarement.

C’est par temps gris, en absence de la pluie, que le ciel à l’abri des nuages porte le message de la lumière : l’horizon est à la frontière de l’oubli et du mystère ; pour l’atteindre, il suffit de fermer les yeux.


Prendre le large,
mais oublier la mer.

On a volé au ciel son bleu du jour. À l’abri des regards, des bourrasques et de la pluie, à fleur de marécage et de la boue, sous un kiosque paré d'un échantillon de son larcin, le voleur dort du sommeil du juste.

La mer s’est parée d’écume et de gris pour faire, dans le flux des vagues et de la houle, le deuil du soleil et du temps des hommes.


À la tombée de la nuit, un petit garçon donne le la du crépuscule. Le ciel, le vent, les arbres trouvent les notes pour lui faire écho dans le grésillement de ce feu qui annonce la fin du jour. Demain, à l’aube, puisque l’enfance est la condition du devenir, il écrira le concerto du soleil.

Les feux de la ville se déversent dans la mer. Mais il n’est pas toujours nécessaire d’éteindre les incendies : dans les brasiers brûlent quelques fois le feu de la candeur et de l’insouciance.


Cherche dans le clair-obscur les conditions de ma foi. Je suis d’ici et d’ailleurs. Dans le désir et l’oubli. Face à ton regard, je détourne le mien. L’amour ne se dit pas toujours par le biais des mots. Par le silence, je réponds à ta lumière. Nue, je t’offre notre histoire en guise de rédemption. Et je t’attends. Viens.

Textes : Gillian Geneviève
Photographies : Romain Philippon
