Si la mer était la vie, on viendrait sur le ponton pour se poser et vivre sur terre.
Si la mer était la mort, on partirait d'ici et plus personne ne pourrait nous voir.




C'était au commencement... je suis descendu du ciel. J'étais encore jeune.
J'ai éclaté de rire en atterrissant face à la mer. Puis j'ai fait demi-tour... pour aller vivre sur la terre. Et voilà. J'ai des petits souvenirs simples et agréables comme celui-là.



Tout était merveilleux : les arbres, le soleil, les pierres.
Et dans le matin, dans le soir, dans l’herbe,
sur l’écorce et le long des murs à l’ombre,
tel un petit fantôme, un petit air frais riait.




Je me souviens... il suffisait de trois fois rien pour que je me fasse des films sans pellicule. Je me faisais rire tout seul ou j’impressionnais ma mère par tant d'ardeur. Parfois même je laissais un rôle à mes cousins et à ma sœur.


Où était-ce ? Je ne sais plus.
Je crois me souvenir que rien ne pouvait les enfermer.
À cette époque, notre monde pouvait se transformer en prison pendant des heures ou pour une vie. Mais elles, indifférentes à notre malheur, passaient leur temps à cultiver entre elles les fleurs d'un univers intérieur et merveilleux.


J’ai toujours eu terriblement peur des tables et des chaises de devant la boutik. Elles étaient toujours prêtes à tomber, à me salir et coller, à trembler sur le sol, à bringuebaler, à se mettre en grèn contre moi d’une manière ou d’une autre.



J’avais encore du chemin et j’avançais bien. Je me disais que j’aimerais bien mourir comme se meurt ce ciel déclinant sur une route que l’on avale. Mourir après avoir été grand. Mourir à cette vitesse, dans ce silence et avec cette superbe.
