Les herbes folles, la course folle. Les arbres et le paysage en fuite. Le bruit des explosions d’insecte, la radio si elle est allumée, les vrombissements continus et immuables dus à l’asphalte, à l’autoroute. Mon silence, mes rêveries. Mes mains qui tapotent. Le tissu du siège. Le soleil qui me gène. Puis un nuage dans ce monde en mouvement. Le soleil disparait. Le soleil qui réapparait. La voiture suit une courbe de la route et le soleil s’éloigne alors à nouveau. Cela ne cesse d’évoluer ainsi depuis des heures. Mon père qui parle. Ma mère répond. Le silence revient. Peut-être la radio. Je ne me souviens plus très bien. La tristesse et l’ennui. Un air de piano absent, mais que je tiens là dans le silence, avec la lumière du monde qui danse. Le monde sans nous, ou plutôt : « autour-de-nous », le monde en mouvement, le monde et sa valse. Ce qui explique cet air de piano. Et le voyage continue. Et les corps sont mous. La voiture, dure, solide, bolide rapide fendant l’air. Une mouche vole à l’intérieur. Elle passe devant moi qui suis petit, qui suis assis. Elle se pose sur la vitre. Elle marche sur le ciel. J’ouvre la fenêtre pour qu’elle s’envole. Elle ne s’envole pas. L’extérieur l’avale. Elle disparait de manière brutale.
Il y a des paysages qui font de nous des fourmis. Une ville avec de hauts buildings, par exemple, ressemble à une termitière. Nos champs et nos terrains de golf ressemblent aux terrains damés et vallonnés d’une grande fourmilière. La chimie sortie de nos mains, de nos ventres, nos sprays et tout ce que nous vomissons sur le paysage ressemble aux festins des mouches qui vomissent sur leur nourriture avant de la siroter. La mode est une manière d’araignée. Les Caterpillar jouent les bousiers. Les hommes veulent que leur sexe soit un abdomen. Qu’importe les jambes fines, ressemblons aux sauterelles. Pour les femmes, je ne sais pas. C’est plus compliqué. Mais ce qui est encore plus complexe, c’est cette manie que nous avons de nous attraper ente nous et nous arracher les ailes. Cela fait de nous des insectes cruels qui restent à terre et qui empêchent quiconque de voler. Les insectes ne sont pas des anges.
Moi, quand je pense aux fougères sous les grands pins, je repense systématiquement aux tiques.
La mer a su nous montrer que le passage de l’homme ne laisse pas un sillon indélébile.
Je ferme les yeux. Quand je pense aux autres, que je cherche à les voir, ils ne sont pas éclairés par le soleil. La lumière dans le noir, derrière mes paupières fermées, c’est eux. Et la lumière pleut.
Un bon comédien doit savoir pleurer. Avant de faire venir le sentiment triste, en préparation, il est intéressant de se souvenir de l’eau salée, de l’océan.
Je suis mort. Alors, au début, j’ai commencé à faire mon deuil, seul. C’est alors qu’est sorti de derrière les grandes chaises noires un ange bleu.
Il existe une chambre dans laquelle les petites lampes, la table, le cadre du miroir, les rideaux, la moquette parfois et le couvre lit prennent les motifs et les couleurs de la chemise que l’on porte. Cette chambre est celle d’un motel dans une cité aztèque qui existe depuis des millénaires. Cette ville a été mangée par une mégalopole. On n’atteint la chambre que si l’on prend le bus. Impossible de faire autrement. Il faut avoir fait 2 ou 3 fois le tour de la Terre avant de la trouver. Certains l’on cherché une vie entière. Peu l’ont trouvée. Est-ce un mythe ou est-ce la vérité ? Où doit-on chercher ?
Parce que tu crois que l’été c’est le ciel bleu. Parce que tu crois que les vacances c’est « soleil et mer d’huile ». Pauvre fou.
Je laisse un point d’honneur à constater que le chemin continue.