Heureusement, il existe, la nuit, des rues longues et droites. La somme des regards portés sur un lampadaire, sur un de la famille des blattoptères, sur le mur imparfait, le passage d’un chat gris, ou noir. La somme, quand on cherche ses clés, les yeux baissés, du cuivre et de l’or ; à nos yeux, le trottoir, le caniveau et tout ce qui luit ; et qui est gravelé d’ombres.
La rue longue et droite se termine. Nous sommes tournés immanquablement vers la carrosserie et la vitre noire ; le reflet de soi. Il fallait un monument en second plan, un lampadaire, encore un, magistral cette fois, en perspective, dans le reflet de la vitre, de la carrosserie. Avec l’allure d’un Général de Gaulle, il frôle notre épaule, et nous dit bonsoir.
Le marchand de sable est heureux quand le sable est noir. On l’entend chanter au dessus des plages de Sicile et de l’Etang-Salé.
Les face-à-face non voulus, incongrus, amènent en ce lieu une somme de tourbillons qui font que peu de choses s’accrochent, pas même un sourire. Bien sur que c’est déjà trop de l’écrire.
Oh ! que je suis petit aussi loin que je me souvienne. Oh ! qu’il est bon d’être insignifiant. I’m a little pea chantent pour moi les Red Hot… les grands, les conquérants ne regardent pas derrière l’épaule des petites fournies, teeny tiny little ant, ce qui nous laisse dans un univers tranquille et idéal pour se concentrer sur des trucs comme le rire des enfants et les pièces colorées.
Nous sommes la somme de ce que nous voyons dans le silence, les yeux fermés… lorsqu'autour de nous il n’y a rien à voir, naturellement.
Il y a tant de personnes qui lèvent les yeux au ciel simplement pour le regarder. Sur la toile bleu, les oiseaux, les nuages, les avions et les mirages ne se font pas nécessairement prier pour apparaitre.
Lorsque nous marchons dans la rue après la pluie, on peut se dire que nous marchons sur l’eau.